Lanzarote - La course

ImageSamedi matin 19 mai, 0400, le réveil sonne.

Ca y est, le jour J est arrivé. Après 6 mois de préparation, des hauts et des bas, enfin nous y voilà. Pour le moment le stress n’est pas encore trop présent. Dès le saut du lit, je commence à manger le gâteau sport et à boire mon litre de Malto Overstim’s. 0515, En route, direction le parc à vélos. Bien que je me dirige vers le départ de mon 7ème Ironman (Embrun 2000 – Zürich 2002 – Malaisie et Hawaii 2004 – Nice 2005 et Zürich 2006) une légère appréhension est quand-même présente.

ImageJe travaille donc mon mental et, dès l’arrivée au parc à vélos, elle disparaît, le temps de préparer le cadre_titane. Ensuite c’est le rituel de la file aux toilettes, on n’y coupe pas. Je retrouve Dan, ma coach, sur la plage. A nouveau le stress monte. Petit couloir tout en longueur, large de deux mètres seulement entre des barrières. Ca va être la baston compte tenu des 1044 triathlètes présents!

0700 c’est parti pour une journée de rêve. Il me faut 1 bonne minute pour arriver à mettre enfin les pieds dans l’eau et à nouveau 1 bonne minute pour pouvoir commencer à nager. Le parcours débute par une petite ligne droite de 160 mètres avec, au bout de celle-ci, une bouée à franchir par la droite. Le flux des triathlètes se ressert et les coups fusent. Je me dis que sur la prochaine rectiligne de 759 mètres tout devrait se décanter. Au contraire, je me retrouve au milieu de la vague de tous ces nageurs et malheur, je prends un coup dans les lunettes. Je dois m’arrêter pour les réajuster et je repars tant bien que mal. J’essaie de penser à ma technique, à mon allonge et à tout le travail effectué en bassin, mais ici c’est chaque fois des pieds, des mains ou des corps qui m’empêchent de soigner mon style. A nouveau une bouée à franchir par la droite, puis 145 mètres plus loin une 2ème et c’est le retour vers le départ. La marée de triathlètes s’étire et je peux enfin retrouver des sensations presque correctes. Sortie de l’eau aux 1900 mètres, petit coup d’œil sur le chrono 34’ grrrr, pas bon du tout. Bisous au passage à ma douce et rebelote pour le 2ème tour. Celui-ci est plus calme et j'essaye d’avoir une meilleure glisse. Cela se fait ressentir au temps de passage des 2ème 1900 mètres : 33’ temps total natation 1h07.38.

Image Sorti de l’eau, il faut passer sous la douche et enlever la combinaison, puis remonter la plage jusqu’au parc à vélos où je récupère mon sac « bike ». Le temps d’enfiler l’équipement cycliste (chaussures – gants – casque et lunettes), me faire badigeonner de crème solaire, je retrouve mon cadre_titane et en route pour ma discipline préférée. Je commence lentement, sans trop forcer. Je mange ma banane, mmmm ce qu’elle passe bien après cette eau salée, et c’est parti pour, j’espère 5h30 – 5h45 de vélo.

Nous avons de la chance, le vent nous pousse et la première petite difficulté est avalée avec facilité. Je pense sans arrêt au travail de puissance et de technique effectué durant l’entraînement et je me sens bien. Passage à El Golfo et ses champs de lave, également avec le vent dans le dos. Le compteur montre 38 km/h, la moyenne est à 33. Tout va bien, les sensations sont bonnes. Il ne fait pas trop chaud, même un peu froid. Une légère pluie nous accompagne durant tout ce tronçon. Puis c’est la montée du parc national. Les sensations sont toujours aussi bonnes. Je me rappelle que Yves m’avait conseillé de ne pas trop en faire jusqu’au deux cols des 100 et 120ème km. Comme je me sens bien, que le vent n’est pas violent comme celui de mardi et que je suis "comme à la maison", je me dis "allé on roule".

ImageLa descente du parc s’effectue à des vitesses vertigineuses et ce n'est que du bonheur. Arrivé au 90ème km tout va encore bien et je suis hyper confiant pour les 2 grosses difficultés de la journée. Teguise, Dan est là et un « c’est la fête, vas-y Pascal » me boustent encore plus. Un petit moment de doute s’installe lorsque je passe le kilomètre 98 et que je n’ai toujours pas vu le poste ravitaillement personnel. (il me semblait qu'au briefing, l'organisation avait précisé qu'il s'y trouvait). Mes gourdes sont vides. Je repense à ce que Yves m’avait dit, ce poste se trouve au sommet du 1er col. Effectivement, après une montée très bien négociée, voilà la « special eats ». Réapprovisionnement, et direction le Mirador del Rio. Rien que du bonheur, cette montée. Malgré le temps maussade (froid et légère pluie) j’arrive au sommet content et encore bien en forme. La descente qui s’en suit se fait à nouveau vent dans le dos, mais sur un revêtement pas très roulant. Bref on essaie de récupérer et, comme dans chaque descente, je m’éclate et j’oscille entre les 32 et 33 km/h de moyenne. Je roule pratiquement tout seul, la route est à moi, personne devant et personne derrière.

Arrive la partie qui fut pour moi la plus difficile, celle où j’ai vraiment souffert. Pour quitter le nord de l’île et rentrer au sud à Puerto del Carmen, il fallait emprunter une longue route allant du 135ème au 165ème km environ. Il s’agissait d’un faut plat toujours montant avec vent contraire la plus part du temps. Sentant mon mental m’abandonner, je me couchais sur le prolongateur et le travaillait comme nous l’avons exercé avec Jérôme. J’étais tellement concentré et dans mon monde que j’en oubliais la visualisation externe. Sans le voir, je me suis rapproché d’un concurrent me précédant. Tout à coup, je ne sais pas ce qui m’arrive, je sens une résistance sur ma roue avant et je chute. En fait, j’avais touché sa roue arrière. Ma première pensée se porte sur mon cadre_titane. Vais-je pouvoir continuer ? Quant au concurrent que je venais de heurter, sans se soucier de quoi que ce soit, il poussa une jurée en espagnol et heureusement, la touchette fut sans conséquence pour lui, il continua sa route. Un autre concurrent ralentit à ma hauteur, me demande « is it good ? » ; je lui réponds que oui et il me dit « go go go ».  Sans plus attendre, je remonte en selle.

ImageLa malléole, le genou, la hanche, l’épaule et le coude gauches sont touchés mais ne me font pas trop souffrir. C’est égratigné et ça saigne un peu mais c’est en surface. Je profite du prochain ravitaillement pour rincer les blessures à l’eau fraîche. A deux reprises, des commissaires viennent à ma hauteur pour me demander si tout est ok. Je leur réponds que oui et continue mon chemin en direction de Puerto del Carmen. Arrivé à une vingtaine de kilomètres du parc à Vélo, le soleil fait son apparition. Je me suis dit que dans mon état le marathon risquait de devenir un calvaire. Je profite donc du dernier ravitaillement pour bien mouiller à l’eau froide mes blessures et j’arrive au parc en 5h37 soit avec un 32 km/h de moyenne. Le temps de prendre mon sac "run", faire un petit crochet par les toilettes, rentrer dans la tente de changement, enfiler les Boosters©, me faire badigeonner de crème solaire, en précisant bien à la bénévole de faire attention à mes blessures, et en avant pour le marathon.

Image Depuis le début de la journée, je n’ai jamais regardé l’heure et mon temps de course. Dès lors, je ne sais vraiment pas où j’en suis par rapport à mon but de 10 heures 25 – 10 heures 30. Sachant qu’en natation je n’ai pas atteint l’objectif fixé, que sur le parcours vélo également, je n’y pensais même plus à ces limites de temps envisagés. Je commence le marathon avec l’envie et l’idée d’essayer de faire mon meilleur temps sur cette distance lors d’un Ironman. Les 1ers 5 kilomètres se passent sans trop de soucis. Je me sens même assez bien au vu de mon état de fatigue à la fin des 180 km de cyclisme. Au demi-tour, je vois Dan qui filme et j'ai même l'envie et la force d'encore lui lancer un "elle est pas belle la vie ? Sachant qu'il me fallait tourner les 5 km plus ou moins en 25 minutes, je vois sur ma montre 26 minutes. Pas trop mal ! C'est donc reparti pour le retour. Les sensations sont assez bonnes et je continue mon petit bonhomme de chemin, tout en prenant le temps de bien m'hydrater et me mouiller. Le soleil est là et il fait chaud, des conditions que j'aime. Les deux prochains 5 km se passent bien. Les temps de passage augmentent un peu mais pas trop de soucis. Le parcours est sélectif et je me concentre sur ma technique. Je pense à tout le travail effectué depuis 6 mois. Dès le 15ème kilomètre, je dois me focaliser sur mon mental. Les efforts consentis durant le vélo commencent à se rappeler à mon bon souvenir. Je repense à cette sortie de 35 km faite il y a quelques semaines, à un temps en dessous des 5 minutes au km. Il faut que je me recentre sur ma technique. Il faut aussi que je ne me laisse pas aller dans mon ravitaillement.

ImageAu 2ème poste à l'aller, ce qui fait le 5ème au retour, ils coupent le Coca avec de l'eau. Je prends donc chaque fois un bout de banane qui passe plutôt bien. J'attaque les derniers 10 km 500. Je vois Danièle et tous les supporters de Nyon avec cloches et crécelles. Je profite de leurs encouragements fournis et d'un "plus qu'un tour", pour allonger la foulée. Demi-tour au Beatritz et plus que 5 km 250. Il faut continuer à ce concentrer et l'Ironman de Lanzarote sera terminé en moins de 11 heures. Encore 3 petites bosses et l'arrivée est en vue. Un concurrent vient à ma hauteur. Je trouve un peu d'énergie pour accélérer. Le temps défile sur l'arche d'arrivée et je passe dessous « 10 heures 54.31 » 149ème.

Me voilà finisher de mon 6ème Ironman de la série WTC et surtout de mon 8ème longues distances. Je suis content car, franchement avec Embrun en 2000, c'est le plus difficile que j'aie couru. Le temps d'ingurgiter 1 Coca, je me dirige vers la tente des soins. Entre deux, quand même un petit bisou à ma coach. Désinfection des plaies et moment de repos avant de rentrer à l'hôtel pour une bonne douche bien méritée.

 Merci à Yves pour la préparation de cet Ironman qui, comme chaque année, s'est bien déroulé grâce à son travail de planification. Merci à Jérôme grâce à qui mon mental s'améliore d'année en année. Merci à Danièle et à ma fille Tiffany qui acceptent et supportent mes absences et quelques fois aussi ma fatigue. Merci à Bjorn de cadre_titane et à Maurice de Cyclo Sport qui m'ont permis d'acquérir un vélo performant avec lequel j'ai effectué un super parcours cycliste. Pour terminer merci à toutes les personnes qui m'ont aidées d'une manière ou d'une autre et qui croient toujours en moi. Maintenant il faut penser à l'année prochaine. C'est sûr, je vais faire "le sacrifice" de me rendre en Asie (Japon – Corée ou Chine s'il a lieu) pour y décrocher la qualification tant convoitée. Alors à bientôt pour de nouvelles aventures.

Pascal Image

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