The Race Day

ImageNous y voilà, il est 3 heures 45 et le réveil sonne en ce 20 avril 2008. Cela fait 4 ans que j’attends ce jour et je me sens prêt. Je regarde dehors et ouf la mer n’est pas démontée. Au contraire, il y a juste une toute petite houle. Derniers préparatifs, gourdes, ravitaillements et c’est le départ de l’hôtel.

A 5 heures nous embarquons dans le bus qui va nous faire parcourir les 2 km nous séparant du départ. Nous arrivons à la zone de transition. Marquage du corps et direction mon vélo cadre_titane. Apparemment, il a passé une bonne nuit lui aussi. La séance de gonflage des pneus commence dans la nuit dans ce parc mal éclairé et tout s’annonce pour le mieux.

ImageLe vélo est prêt je ressors du parc afin de me faire badigeonner de crème solaire car nous allons vivre une journée chaude et ensoleillée. Par acquis de conscience, retour à mon emplacement vélo pour un dernier contrôle. Il est 5 heures 45. Surprise ma roue arrière semble s’être dégonflée. Vite aller chercher Christophe, lui demander son avis et regonfler à 7,5 bar. Bon, nous reviendrons dans 15 minutes et on verra bien. 6 heures, nouveau contrôle et en effet, la roue se dégonfle.

J’essaie de travailler le mental en me disant que j’ai du temps, mais il faut quand-même réparer. Changement de chambre à air qui, effectivement perdait au niveau de la valve. 6 heure 30 « re-contrôle » et ouf tout est ok. Apparemment, cela ne m’a pas trop perturbé mais…

ImageDirection la zone de départ. La mer bouge un tout petit peu, mais j’ai pris du Motilium (médicament contre les vomissements) cela devrait aller. Malheureusement, le médicament que je prenais d’habitude contre le mal de mer et venant de mon périple 2004 à Hawaii est périmé.

6 h 45, tous les athlètes sont appelés sur la ligne de départ. Les pros sont nommés et nous sommes prêts pour une longue et belle journée. Mon objectif est toujours présent et je vais tout donner. Sur la plage, c’est un peu l’anarchie, d’ailleurs, nous partons sur un count down en chinois, quelques secondes avant le départ officiel donné par un feu d’artifice !

A savoir que lors du passage du typhon, les organisateurs ont perdu les bouées. Il ne restait que la 1ère de l’aller et la dernière du retour. Au fond, au demi-tour, ils avaient mis un bateau de pêcheurs.

ImageLa mer étant opaque, il m’est impossible de suivre des pieds. L’orientation va jouer un grand rôle. Après 5 – 6 minutes de course, je vois des nageurs dans tous les sens. Des courants nous déportent à gauche et à droite. Un seul kayac est sur l’eau pour nous diriger. Nous nageons dans tous les sens. Après 15 minutes de course, voilà déjà les 1ères nausées qui arrivent.

Je pense que ce sera juste passager mais non. Me voilà au demi-tour et ça s’empire. Les vagues ont tendance à nous pousser vers la plage, mais j’ai beau faire travailler le mental, les envies de vomir se font de plus en plus fortes et je me dis qu’à la sortie de l’eau j’arrête. Faire encore 1900 mètres dans un tel état. Me voilà justement dehors de l’eau. 40 minutes oupssss mais dans l’état que je suis c’est déjà bien d’y être arrivé. Je prends un gobelet d’eau, je me rince la bouche, rote ou bon coup, un « je suis vraiment mal » à mes supporters et c’est reparti pour le 2ème tour. Pendant 5 minutes je me sens un peu mieux et ça recommence.

Je nage tant bien que mal, m’arrête de temps en temps pour roter et essayer de me vider mais rien n’y fait. Tout à coup je me retrouve dans une marée de nageurs venant en sens inverse. Plusieurs têtes sont hors de l’eau et essaient le mieux possible de trouver leur ligne.

ImagePlus personne ne nous guide,nous ne voyons plus de bouées. Je continue mon pensum et après 1 heure 18 je sors enfin de l’eau. Je fais des efforts pour  vomir mais rien ne vient. Dès ce moment, je sais que le changement sera « récupération » et que durant les 10 premiers kilomètres de vélo je devrai essayer de me rétablir. J’avais déjà vécu cela à Nice en 1998.  Le changement se passe bien 5’21, seul souci personne n’est présent pour nous mettre de la crème solaire. Je pars donc avec la couche passée avec amour par Dan avant la natation.

Anecdote natation : Un coureur a nagé avec son GPS, et en sortant, après 1h34, il avait effectué 4'500 mètres !!!!


Les 10 premiers kilomètres vélo se passent comme je l’avais prévu. Je récupère, m’hydrate et arrive à m’alimenter un peu. La demi-banane  passe. Je me sens de mieux en mieux et je roule bien. La moyenne tient entre 34 et 36 km/h. Au demi-tour sur l’autoroute, je suis à un peu plus de 34. Le retour se fera avec un vent dans le dos donc la moyenne ne devrait pas baisser, c’est le cas. Virage à droite et on attaque la partie campagnarde. Selon mes reconnaissances et mes sensations, je devrais passer cette partie sans trop de souci. Mon idée d’effectuer tous les parcours à fond et sans retenue me revient et je roule bien.

ImageMalgré un vent contraire sur tout ce faux plat montant de 8 km, je le passe bien et la moyenne est bonne. Pourtant arrivé à la descente vers Haikou, mes deux fessiers commencent à se faire sentir. Je n’ai jamais eu ce genre de douleur, sauf parfois lors  de l’échauffement, dans mes sorties d’entraînement. Je me dis donc que cela va passer. Mais non, arrivé au kilomètre 90, j’ai mal partout. L’abandon d’un concurrent devant moi me donne le courage d’attaquer la 2ème boucle. Petit arrêt pour prendre mon ravitaillement et je repars en essayant d’avoir le cœur léger. Un Français avec qui nous avions fait connaissance lors de la Pasta party revient à ma hauteur. Nous parlons quelques minutes.

ImageCe 2ème tour se fera au mental. Franchement je ne pense plus à rien. Si, juste à ne pas rester la tête trop longtemps dans le guidon pour qu’il ne m’arrive pas la même mauvaise aventure que l’année passée à Lanzarote. Je suis seul. Les lignes droites sont interminables et la moyenne baisse. Mes pronostics passent de 5 heures à 5 heures 30 puis 6 heures ! Dans les 2 villages traversés, les encouragements des autochtones, me redonnent un peu de jus. La chaleur devient de plus en plus accablante. Les bras, les jambes et les épaules me brûlent. Mais j’aime le chaud et l’humide, j’ai choisi cette course pour ça. Je pense déjà au marathon qui va venir après mais voilà, chose qui ne m’était jamais arrivée, des crampes qui commencent, à vélo. Je dois me concentrer sur mon pédalage pour détendre chaque muscle qui se tend. Tant tôt je pédale uniquement avec la jambe gauche, tant tôt avec la droite.

Arrive la seule et unique montée du parcours, 30 mètres de dénivelé pour 200 m. Un tiers, deux tiers, et hop voilà les crampes. Je dois la finir en zigzagues afin de soulager mes jambes. Christophe est au sommet et m’encourage. Il finira le parcours (20 km) vélo avec moi. Tout au long de ces derniers kilomètres, j’essaye de détendre mes jambes. En plus, une violente douleur au genou gauche, que je n’avais jamais connue auparavant, s’installe. Je profite que Christophe ait son portable. Il appelle Dan et, à 2 km de la 2ème transition, elle me donne le spray froid Perskindol. Je profite aussi pour lui prendre son tube de crème solaire 30. Le spray me fait du bien et je finis mon vélo en 5 heures 59.22.

Image Au 2ème changement je ne sais plus trop où je suis. Un bénévole me prend le vélo et j’allais lui demander ce qu’il faisait ! Je reprends mes esprits.  Je vais dans la tente de change. Je profite pour récupérer en me changeant. Surprise, lorsque je veux mettre la vaseline aux pieds, elle est liquide donc pas besoin de badigeonner, je la verse. Petit couac de l’organisation, à nouveau personne pour nous mettre de la crème solaire. Bien vu Pascal d’avoir pensé d’en prendre à Dan. Je me la passe et je laisse le tube à un autre concurrent qui en a autant besoin que moi et je sors de la tente. C’est parti pour le marathon.

ImageL’idée de le courir en 3 heures 30 me passe encore par la tête. Les premières foulées, après le Liftoff d’Herbalife et deux capsules de Guarana, sont bonnes. Je me sens léger et franchement assez bien. Au 2ème kilomètre, mes supporters m’attendent et je trempe mon index dans un petit pot de sel que Dan était allée chercher pour stopper les crampes. Le climat me rappelle vite à l’ordre. Il doit faire 40 degrés, la respiration est difficile. Je continue néanmoins et passe les ravitaillements de 2 kilomètres en 2 kilomètres. Des glaçons sous la casquette, des éponges d’eau fraîche et beaucoup d’hydration me permettent de continuer jusqu’au 10 km 500. Demi-tour et je me retrouve avec un autre ami français. Je décide d’essayer de courir 5 minutes, marcher 1 minute. Tout le monde marche. Tu croises des pros qui le font et je n’ai jamais vu cela. C’est l’enfer mais on est tous dans la même galère.

Christophe arrive à ma hauteur en vélo avec Dan. Ils m’encouragent. Dan profite pour faire quelques films et quelques photos. Au 21ème km, que je voulais passer en 1 heure 40 maximum, mon chrono affiche plus de 2 heures 15. Bon essayons de descendre en dessous des 13 heures ; mais franchement, le temps ne compte plus. Je veux finir et comme je l’ai dis à Yves lors de mon claquage et je le confirme à Christophe durant ce pensum, s’il faut finir à genoux, je finirai à genoux. Je l’ai voulu, je l’ai et j’en serai un finisher ! 1830/h le soleil se couche. La température baisse un peu et j’arrive à courir sans trop marcher. La dernière montée sur le Century Bridge est interminable. J’ai mal au ventre, mais je m’accroche. Demi-tour au sommet du pont et je redescends. Il me reste 4 km et c’est l’arrivée.

ImageNous longeons la route principale jusqu’au dernier kilomètre et c’est encore et toujours interminable. Virage à droite, j’attaque le dernier kilomètre dans le vieux Haikou. Le bonheur se rapproche. Deux concurrents sont devant moi. Il s’agit de deux filles. Elles m’ont passé devant il y a quelques kilomètres. J’allonge la foulée et je pourrais les reprendre mais soyons galant, je les laisse devant. Dan m’attend à 100 mètres de l’arche du bonheur et elle passe dessous avec moi après un marathon en 5 heures 24. QUE DU BONHEUR ! Franchement j’ai souffert comme jamais sur un Iroman mais celui-ci je l’ai fini en 12 heures 52.45 et c’est ma plus belle réussite au niveau mental.

Mais pour tous les concurrents, c’était difficile. Seul 1 homme est descendu au dessous des 9 heures ! C’est le vainqueur  l’Allemand Olaf Sabatschus (8h52) La 1ère dame disait d’ailleurs à la remise de prix que sur les 27 ironman qu’elle avait courus, c’était le plus difficile.

De toute façon, c’est déjà décidé, j’en refais un l’année prochaine.

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