La Transmaurienne...une longue histoire
Et de 14...
On a beau dire que «quand on aime, on ne compte pas...».
Certains chiffres permettent de situer l’intérêt qu’on a pour certaines épreuves, et encore, ...pas le moindre break : la Transmau reste une référence qu’on s’attache à placer dans son calendrier. C’est une course qui , de part la beauté des paysages traversés, la difficulté et la technicité des parcours, son enchainement d’étapes, rassemble chaque année ses fidèles aficionados de France et de Navarre. Et c’est un Navarre de taille puisqu’on compte notamment cette année parmi les participants une Lituaniène, des Chypriotes, des Belges, des Espagnols, des Italiens, des Suisses... On est près à venir de loin pour prendre sa dose de dénivelé.
Ca tombe bien ! Il y a 4000 m positifs prévus sur l’étape de samedi de 60 km... certains vont bien dormir samedi soir...Et puis, cette belle montagne force à l’humilité, personne n’est à l’abri d’une défaillance physique ou mécanique. De fait, Julien Saussac, le vainqueur de l’an passé, a dû subitement renoncer à ses ambitions suite à une casse. Du coup, une sympathie toute naturelle s’installe entre les coureurs de tout niveaux durant ces cinq jours communs de course.
Commençons par le commencement: un prologue en ville le mercredi soir, en nocturne pour les derniers partants. Un enchainement de virages dans les ruelles du centre de Saint Jean, et de marches : l’objectif est de faire un temps correct sans compromettre la course par une malheureuse chute. Un concurrent s’est malheureusement vu orné d’un pansement au nez tel un boxeur..., bon... il n’y aura plus beaucoup de marches par la suite, ce seront des singles, des cailloux...
1ère étape aux Albiers, départ à la fraiche...non, non il ne s’agit pas d’un départ aux aurores, même d’éventuels fêtards s’accommoderaient parfaitement d’un départ à midi, reporté à 12h30...
Il fait aux environs de 10 degrés, et des averses vont et viennent sur les massifs depuis la nuit, et sachant qu’on va prendre de l’altitude, ce n’est pas la chaleur en ce 5 aout qui va nous gêner, la question serait plutôt de savoir si on va titiller la neige... C’est un parcours sans piquant véritablement, qui n’a pas ma préférence, et avec cette météo, c’est difficile de se lâcher, ce serait plutôt mes pneus d’été qui me feraient défaut dans les descentes boueuses...Résultat: un classement moyen à l’arrivée et de bonnes gueules de mineurs de charbon immortalisée par Mikko, un des deux fidèles cameramen.
2ème étape: Saint Colomban des Villards. Le soleil fait progressivement sont retour, et la tendance doit se confirmer les jours suivants.: voila qui donne du baume au coeur, en plus on pourra profiter du panorama lorsqu’on pourra lever le nez. Les cameramen m’installe une petite caméra sous le guidon: «si vous voyez le sol brusquement se rapprocher, vous interpréterez, n’est-ce pas?...
Effectivement, la première belle descente technique en single avec ses virages en épingle est restée assez boueuse. Même si j’ai pu bien me positionner avant d’attaquer cette portion, je ne suis pas à la fête avec mes pneus Race King : trois gamelles consécutives à presque chacun des virages: décidément, il va falloir s’assagir dans cette descente...et lors de la troisième chute, le vélo a quand même continué sa course 10 à 15 m en contre bas...et Romu Gillard de me charrier lorsqu’il me voit remonter péniblement ma monture à travers les fougères...L’étape est rigoureusement identique à celle de l’an passé, trois boucles en trèfle autour de la zone de départ-arrivée, seulement mes souvenirs avaient raccourci cette troisième boucle que j’ai entamé à un bon rythme pour tenter de me refaire au classement de ma catégorie, du coup, après encore une ou deux gamelles sur de gros cailloux glissants, l’arrivée était bienvenue. Thierry Salomon, ancien double champion du monde, me distance encore de près de 5 minutes. A moins d’un couac, il sera dur à aller chercher.
On a beau redescendre des lacs par une piste bleue de ski au début, il faut être vigilant par rapport aux cailloux tranchants qui sollicitent fortement les bras et ont vite fait de provoquer une crevaison ou d’envoyer dans le décor (la réception y serait pour le moins virile...éviter absolument une réception sur la tête... ).Ensuite vient une zone, qui, lorsqu’elle est parcourue dans l’autre sens, correspond à un portage d’une vingtaine de minutes, avec une entame un peu délicate...Et nous voilà déjà arrivés...avec 4’000 m positifs de plus dans les jambes.
4ième étape : La Toussuire-Le Corbier: Pour un certain nombre de participants, cette dernière étape est la bienvenue par le fait que les organismes vont bientôt pouvoir se reposer..."mais vous reprendrez bien quelques 2000 m positifs pour la route..."
Pour ma part, je me lève avec au moins deux places dans le collimateur, l’enchainement des étapes étant régulièrement à ma faveur, mais stupeur sur la grille de départ: les subtilités des réglements des fédérations cyclistes UCI et FFC font qu’à l’âge de raison, la raison et l’esprit de compétition font mauvais ménage...Il ne faut pas obtenir de point UCI, sinon on passe du statut de master, à celui d’élite avec contrôle longitudinal et tout le tintoin...
Donc la démarche de cette dernière étape pour tous les masters concernés souhaitant participer aux coupes de France, et Championnats de France, d’Europe et du Monde Masters est de perdre suffisamment de temps pour ne pas finir dans les 25 premiers au classement général...
Non, non...il n’y a pas pas eu d’orages sur les montagnes des Sybelles durant ces 5 jours... Pour la première fois de ma vie, je prends donc un départ de course en me disant qu’il ne faut pas rouler trop vite... Le passage sur l’arête du Grand Truc est un peu raccourci pour inaugurer une nouvelles descente assez sympathique avant de remonter sur l’Ouillon pour descendre dans des lacets assez délicats traversant les buissons d’une combe.
Avec une participation régulière de nos voisins et amis Belges, on ne pouvait terminer sans une histoire de leur cru: deux Belges se sont fracturé la clavicule exactement au même endroit de cette fameuse descente en lacets dans les buissons, et ce à un quart d’heure d’intervalle...mais, me direz-vous, il est où le "une fois" ? ...ou bien...Et c’est là que se trouve la subtilité, chacun a opté pour un coté différent. Pourtant l’un avait le fameux bracelet que tout le monde s’arrache pour améliorer son équilibre...Je ne sais pas si ces deux vététistes s’intéressent de près à la politique, mais le hasard veux que l’un soit Wallon, et l’autre Flamand...Et comme quoi la Transmau a un pouvoir rassembleur, les deux sont partis dans le même convoi de pompiers...pour occuper peut-être la même chambre d’hôpital...
Justement, c'est bien dommage que Lionel n'ait pas pu venir pour cause de clavicule convalescente, mais c'était bien sympa de constituer un team autour de Bjorn sur cette Transmaurienne, avec, il est vrai, un stand qui détournait bien des regards de connaisseurs. Chapeau à Patrick qui a su terminer cette terrible étape de samedi, et félicitations à Bruno qui remporte la deuxième place de sa catégorie.
