Costa Rica Bike Trophy 2010: au rapport !
Suite à l’arrêt des raids VTT en Arabie Saoudite, un manque de raid VTT dans un cadre exotique, et si possible en fin de saison, se faisait sentir, et c’est un couple Belge , particulièrement branché raid (aussi bien VTT que rallye-raid motorisé) ayant participé à la dernière édition de l’Arabian Trophy qui m’a donné la puce à l’oreille: «et pourquoi pas le Costa Rica?»
C’est une destination de plus en plus prisée, qui fait valoir sa biodiversité remarquable et la variété de ses paysages. De fait, c’est un véritable concentré bordé par deux océans, comptant de nombreux volcans, dont certains plus ou moins en activité, des forêts tropicales dites sèches, des forêts humides, des zones marécageuses, d’autres très peux praticables...et le concentré, on peut non seulement le trouver de ses plantations d’ananas et de bananiers, mais aussi dans la densité de ses précipitations: par exemple, au Monte Verde-arrivée de la première étape-, j’apprends qu’il est de coutume d’avoir une bonne douche vers 15-16 h: alors soit on prend son gel douche -un peu lourd à emporter-, soit on se dépêche d’arriver-c’est l’option que j’ai retenu.
Mais plantons tout d’abord le décor: les semaines précédent le raid ont été particulièrement arrosées, compromettant la participation de Costa Ricains attendant l’évolution de la météo et de l’italien Marzio Deho, une des têtes d’affiches prévues, mais qui a préféré renoncer depuis le Mexique ou il a vécu les mêmes conditions dantesques dans un autre raid VTT. Etaient également invités un certain Alberto Contador...rien de moins...et Miguel Martinez, déjà présent sur l’édition 2009, mais tous deux seront comptés absents. Les absents ayant toujours tord, la victoire va se jouer parmi un petit comité quasi-exclusivement américain, tandis qu’une autre bande de raideurs va en découdre en course à pied. La deuxième étape sera malheureusement annulée d’office en raison de glissements de terrains, dommage, c’était celle qui comptait le plus de singles tracks...
Du coup le raid comptera près de 400 km au départ d’une plage du coté Pacifique pour rejoindre une zone protégée du coté Atlantique, et ce en 4 étapes, principalement sur des chemins et routes à viabilisation variable, ainsi, nos nids de poule européens font pâle figure par rapport aux imposants nids d’autruches locaux, non pas que l’autruche ait élu domicile au Costa Rica, mais entre des précipitations importantes, un trafic imposant de camions américains, un entretien des voies plutôt absent, je comprends très vite pourquoi on trouve de nombreux réparateurs de pneus de toute taille le long des «routes».
A peine arrivé dans le très joli cadre d’un hotel bordant une plage du coté Pacifique, il s’agit de monter les vélos et d’avoir une présentation du raid qui nous attend et de l’ensemble des participants et organisateurs. Le départ de la première étape est prévu à 6 h du matin...aihe,aihe, aihe....avec près de 150 km...même sans avoir le temps de tester le vélo (la nuit tombe dès 18h), il vaut mieux être confiant dans sa mécanique.
Etape 1 (150km): Donc au soleil levant, la sympathique bande de raideurs s’apprête à s’élancer. Le relevé topographique annonce de petites bosses au début, suivies d’un long plat, et d’une longue et imposante ascension finale...les petites ascensions du départ s’avereront très rapidement être des «coups de cul» bien raides associés à une chaleur très rapidement montante...la région n’est pas volcanique pour rien.
Après donc un départ prudent en prévision de la plus longue étape de VTT que j’ai jamais faite, et pour jauger les forces en présence, je me retrouve donc avec 4, puis 2, puis 1 compagnon de route...ça s’annonce bien, en plus c’est mon jour d’anniversaire, alors ça me plairait bien de renouveler mon coup du raid aux Emirats Arabes Unis (il y a quelques années...) où j’avais surpris tout le monde en m’échappant dès les premiers kilomètres pour finir avec suffisamment d’avance, notamment devant Olaf Candau, pour pouvoir me contenter de contrôler la course les jours suivants...
Mon dernier compagnon, Edgar, un Costa Ricain expérimenté de ce raid, me surprend à rester dans ma roue, sans vouloir prendre de relais au fil des kilomètres, puis, distancé, à me revenir dessus, et plus encore à sembler avoir des prétentions finales alors même que je pensais qu’il n’allait pas tenir dans les bosses, vu les braquets choisis. Sur le final, je lâche Edgar et lui mets 7 minutes en autant de kilomètres, il faut dire que finir 150 km par une longue ascension...ça fait mal...Suivent Juan, Argentin d’adoption US, et coach sportif de métier, qui a mal supporté la chaleur et a perdu ses repères notamment à l’occasion d’une crevaison, Svein, Norégien installé au Costa Rica, Liglia, une raideuse Costa Rocaine de premier rang, et 14 autres Vététistes d’un total de 6 nationalités.
Un certain nombre se prendra la fameuse douche traditionnelle qui sert de repère horaire, et parmi eux certains finiront à la frontale (je pensais au départ qu’ils plaisantaient ), ce qui fait donc un certain nombre d’heures de selle. Mine de rien, on aura traversé une végétation littorale dite sèche, des zones d’élevage, pour finir parmi des forêts humides...
Malheureusement, l’étape 2 qui longe un grand lac se fera en bus, par un grand détour. Au moins, on pourra tous profiter des eaux chaudes (réchauffées par le volcan voisin) et des aménagements et animalerie (crocodiles, poissons, papillons, lézards...) au pied de ce superbe volcan qu’on ne verra... qu’en carte postale...Les nuages se chargeant de protéger son impressionnante beauté...
Etape 3 (78 km): reprise des hostilités avec un départ contrôlé sur plusieurs kilomètres, ce qui donne l’occasion à Abe, sympathique américain découvrant les raids, de faire des images funs du peloton avec sa caméra embarquée. Une fois le départ véritablement lancé, Juan et moi nous mettons très rapidement à collaborer pour distancer Edgar. C’est ainsi que les trente premiers kilomètres sont avalés en une heure, avant le parcours ne devienne plus accidenté et que je distance à nouveau un peu Juan. Je serais même brièvement accompagné par un surprenant Tatou et un de ces grands rongeurs plus gros qu’un gros rat, et sans queue. Curieusement après une ascension dans une forêt dense et assez humide, on se retrouve sur un plateau déboisé et destiné à l’élevage et à la culture, topographie que l’on retrouvera fréquemment...et après on s’étonne de problèmes d’érosion et de glissements de terrains. A l’arrivée, on apprend qu’Edgar a eu des problèmes, a vomi... et finalement abandonne à l’issue de l’étape (ce sera probablement du fait des nombreux glaçons que ses accompagnants mettaient dans ses bidons lors de la première étape). Et pendant ce temps là, c’est le duel entre Tracy, une canadienne professionnelle ,et Kenneth,un Costa Ricain en course à pied.
Etape 4 (55 km): Ascension sur les contreforts du volcan Arenal:
Ce sera comme pour le premier volcan: les nuages prendront soin de bien nous le préserver du regard...par contre les oreilles connaisseuses sauront reconnaitre ses grondements du tonnerre qui accompagnera les précipitations de fin de journée...pour avoir les volcans de visu, il faudra revenir...Dès le départ, les raidars sont assez impressionnants, décidément, il ne vaut mieux pas avoir oublié de mettre une cassette avec 34 dents...cette fois une jeune vache appeurée ne fait pas mieux que rester quelques dizaines de mètres devant nous, avant de mettre le clignotant...Le point culminant du parcours est proche du plateau nuageux et la longue descente se fait par une température pas particulièrement tropicale...accompagnée d’un petit serin...heureusement, une fenêtre météo me permettra de me promener après la course pour profiter d’une première approche de vautours , que je verrais par la suite en très grand nombre, de fougères arborescentes et autres plantes appréciant l’humidité.
Etape 5 (88 km): c’est déjà la der, ben mince alors...bon, aujourd’hui plus de 80km sont au programme, dont un début descendant dans une belle végétation de type forestier, avant un changement pour des palmiers et des bananeraies.
Passage particulier: pendant quelques kilomètres on roule à coté, et sur la voie ferrée, avec 3 passages de pont...la particularité étant que la voie est ouverte aux trains...(on n’en verra pas), que les traverses ne sont pas toujours régulièrement espacées, que ces traverses ressortent plus ou moins du terrain...et qu’il n’y a rien entre les traverses dans les ponts...juste une eau assez tumultueuse de la rivière située en contre bas, et qui donnerait vite le tourni, étant donné qu’il vaut mieux bien regarder où on mets les pieds (sur «La Ruta de los Conquistadores» qui empreinte également la voie ferrée, Liglia me raconte la veille q’un concurent est passé entre les traverses d’un pont et est resté suspendu par son vélo auquel il restait accroché...), frissons garantis...
Les jeux étant faits au niveau du classement Juan et moi faisons route ensemble pour finir à l’entrée de la réserve des tortues marines coté Atlantique.
La boucle est déjà bouclée, dans une ambiance sympathique, notamment assurée par la grande équipe Argentine. S’ensuit la cérémonie de remise des prix avant de prendre une pirogue qui nous emmène dans un très bel hôtel donnant à la fois sur la plage où les tortues viennent pondre depuis la nuit des temps, et sur une forêt secondaire abritant grenouilles venimeuses, iguanes, crocodiles, végétation entre-mêlée et urticante à l’occasion...mais aussi bon nombre de moustiques ( ah...on retrouve tout de même quelques repères...et au cas où on ne les verrait pas...la réciproque n’est pas vraie...) .
Avec ma victoire, et Juan avec sa seconde place, sommes invités l’été prochain à la «Transrockies» , une course à étapes dans une région également magnifique: «la Colombie Britannique-Canada». A suivre, donc...
Je profite de mes quelques jours supplémentaires dans cette région étonnante pour tester à la fois les eaux Atlantique (snoorkling au programme) et Pacifique (je renoncerais à une tentative de surf du fait des conditions), mais aussi des réserves naturelles avec leur flore et faune particulières, dont un couple de ces fameux toucans.
Avant de repartir , une fort sympathique sortie de VTT avec Svein et ses amis nous emmène sur les chemins d’une étape de «la Ruta de los Conquistadores», avec des passages à de respectables 34%.
Partis sous le soleil, j’ai suivi les conseils de Maria, la femme de Svein et ai mis de la crème solaire, on s’attendait à des risques de bruine, voire début de précipitation en fin de sortie...et c’est une douche intense qui nous attendait...la crème solaire me dégoulinait dans les yeux, nos vélos se sont retrouvés lavés, presque tout comme nos tenues...mais ce n’était rien comparé au déluge qui s’abattait sur San José quelques heures plus tard et transformaient les rues en ruisseaux, rien de moins...
On est bien en région tropicale et je réalise pourquoi certaines filles sortent avec des parapluies: si à un instant «t», ils les protègent du soleil, un quart d’heure plus tard, ce sera peut être de la pluie...